Ricardo Cavolo, aux périphéries religieuses

Ricardo Cavolo au Street art museum de St Petersbourg, 2017

L’artiste de Salamanque Ricardo Cavolo mélange les figures de rejetés de la société aux légendes et mythologies religieuses du monde entier dans son ouvrage Periferias.

On trouve de tout sur l’instagram de Ricardo Cavolo. Des références de cinéma (beaucoup), des commandes pour Starbuck’s et Nike, de la musique, et aussi des figures religieuses piochées un peu partout. Le travail de Ricardo Cavolo est un grand mélange de couleurs vives peintes à la main, de dessins de feux, d’oiseaux, de cœurs, et de serpents dans des tableaux qui ressemblent de plus en plus avec le temps à de grandes fresques. Le genre de prédilection : le portrait. Les visages de stars, d’enfants des rues ou d’étrangers, il les dessine souvent avec plusieurs yeux, expliquant en interview qu’un portrait peut retenir l’univers entier en un seul visage. Mais ils sont aussi marqués de symboles magiques et de talismans.

Ce qui nous touche dans le travail de Cavolo, ce sont ces allers et venues entre stars du football, de la chanson, et de femmes battues, la façon dont il fait se côtoyer les références de la peinture du moyen-âge, l’iconographie religieuse avec l’art naïf contemporain. On retrouve le même respect dans ses portraits pour les personnages les plus rejetés et les saints et dieux du monde entier. C’est probablement pour exprimer un univers enchanté que ses dessins basculent si souvent dans la magie, les symboles religieux et les légendes.

 

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Yeraz. Armenian Queen. #ricardocavolo #armenia #woman

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Dans son livre Periferias, (en espagnol seulement), “le grand livre illustré de l’extraordinaire”, on trouve ce genre de dessins de filles kumari. Ici, les jeunes filles prépubères incarnent des déesses népalaises, à moins que ce ne soit l’inverse. A travers 150 histoires, Cavolo dresse tout une face B de la société à travers le monde, chacune avec ses légendes, ses héroïnes, sa magie et ses dieux. ” Je me suis concentré sur certaines périphéries et j’ai découvert leur réalités, leur magie. Entrez avec moi aux périphéries et découvrez comment marche vraiment le monde,” explique-t-il.
Des réalités souvent sombres : ” Kumari est une personne considérée comme une déesse vivante au Népal. Un Kumari est une fille prépubère, choisie dans la caste des Shakya. On pense que c’est la réincarnation de la déesse Taleju jusqu’à ce qu’elle ait ses premières menstruations, après quoi cette déesse abandonne le corps de la fille pour en habiter une plus jeune. Elle vit en captivité dans le Kumari Ghar, un palais situé au centre de la ville, où seules la famille de la  Kumari et les domestiques peuvent accéder. Sa vie est franchement triste et elle ne peut pas vivre une enfance normale, ni aucune sorte d’enfance.”

 

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Kumari Girls. From my book PERIFERIAS (@lunwerg ) #ricardocavolo #kumari #nepal

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Quand il représente les Hijras, ces femmes transgenres condamnées à la prostitution ou la mendicité en Inde, il les accompagne d’un parallèle avec le Mahabharata. La page de récit ressemble elle-même aux bandes dessinées populaires que l’on peut retrouver sur les épopées des dieux hindous. 

Dans le Mahabharata, le même dieu Krishna prend la forme d’une femme pour épouser Aravan avant de s’abandonner en sacrifice à Kali, la déesse de la destruction, afin que le bien puisse l’emporter sur le mal. C’est la raison pour laquelle de nombreuses hijras sont considérés comme des épouses d’Aravan et, d’une certaine manière, comme l’incarnation de Krishna. Il est donc évident que les hijra ont des pouvoirs magiques.

Ricardo Cavolo est né à Salamanque, en 1982, travaille en Angleterre, il a travaillé dans la publicité ou pour le Cirque du Soleil avant de partir développer ses expositions et livres. Tout au long de son chemin, on retrouve quelques saints et madones disséminés, avec toujours ce mélange de modernité et d’arts populaires comme ici pour ce partenariat sur le dernier album de Kaytranada.


Et pour finir, on n’est finalement nullement étonné de retrouver ce jeu de tarot “Tarot del fuego”, que vous pouvez même commander pour votre collection, (Vous savez bien, celle que vous avez commencée depuis que vous avez acheté celui de Niki de Saint-Phalle).

 

Pour suivre le travail de Ricardo Cavolo :

  • https://ricardocavolo.com/
  • https://www.instagram.com/ricardocavolo/
  • https://twitter.com/RicardoCavolo
  • https://www.yorokobu.es/ricardo-cavolo-periferias/
Ricardo Cavolo au Street art museum de St Petersbourg, 2017

 

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