Ce mois-ci, le Grenade Club vous propose de vous évader avec une playlist placée sous le signe du voyage : du Liban à la Mongolie, en passant par l’Autriche, on part à la découverte du métal chamanique, du chant rituel bouddhique et d’un vrai faux rockeur chrétien.
1. Mashrou Leila – Roman
Ce groupe de rock alternatif libanais fondé en 2008 est régulièrement la cible des conservateurs musulmans des différents pays où ils se produisent, en raison de leurs prises de positions ouvertement pro-LGBT. La levée d’un drapeau arc-en-ciel lors de l’un de leurs concerts en Egypte a valu la prison à six militants et une interdiction au groupe de se produire dans ce pays. Mashrou Leila ne saurait cependant être réduit au seul aspect queer : bien d’autres thématiques irriguent les textes de leur dernier album, Ibn El Leila. Ainsi, la chanson Roman et son clip, réalisé par Jessy Mousallem, célèbre un féminisme arabe et musulman où identité culturelle et religieuse deviennent source d’émancipation et non d’oppression.
2. The Hu – Wolf Totem
Né en 2016, The Hu est un compromis entre heavy metal occidental et traditions mongoles. Le morin khuur, instrument à corde proche du violon et du luth, côtoie les guitares électriques, tandis que le chanteur fait appel au khöömii, un chant de gorge diphonique traditionnellement utilisé lors des cérémonies chamaniques. Les clips du groupe eux aussi utilisent cette double imagerie rock et mongole traditionnelle : à la figure classique du rocker bad boy à blouson de cuir et grosse bécane se superposent des références à l’histoire et aux croyances Mongoles. Le titre Wolf Totem est ainsi un écho à la légende fondatrice du peuple mongol, censé être le fruit de l’union d’un homme et d’une louve.
3. Shomyo et chant grégorien – Jinriki-hon (Sûtra du Lotus) / Ave Virgo Gloriosa
Le shomyo est un style de chant et récitation bouddhique japonais, héritier de la musique liturgique chinoise du IIIe siècle. Introduit sur l’île au VIIe siècle, il y a perduré jusqu’à nos jours, où plusieurs écoles maintiennent vivante la tradition. Ces chœurs d’homme chantant ou psalmodiant à l’unisson ou en canon évoquent irrésistiblement le chant grégorien pour l’oreille occidentale. Une rencontre entre les deux univers semblait inévitable : elle a fait l’objet d’un album, qui lui-même fait suite à une série d’échanges et de concerts à Prague au début des années 2000, entre les moines de l’école Tendai et la Schola Gregoriana Pragensis.
4. Jeremy Faith – Jesus
A priori semblable à n’importe quel hymne “chrétien ascendant hippie” des 70’s, cette chanson a la particularité d’être à elle seule un concentré d’anecdotes invraisemblables. Son interprète, Jeremy Faith, censé être un SDF américain, était en réalité un musicien autrichien, Helmut Grabher : c’est son imprésario, qui lui inventa cette vie de clochard sauvé par la foi après l’avoir repéré dans le métro en 1971. Jesus, son unique tube, n’est absolument pas un hymne gospel mais un pastiche écrit par un certaine Mike Hamburger, plus connu sous le nom de Michel Berger, qui en profita pour demander à sa compagne de l’époque Véronique Samson d’assurer les chœurs. Si cette chanson n’apportera pas grand-chose à votre culture musicale, vous avez désormais de quoi frimer auprès des baby-boomers de votre déjeuner de Pâques.
5. Sixt13 – Uptown Passover
Les six New-Yorkais de Six13 se sont fait une spécialité du “Jewish a capella”: reprenant de grands hits pop, ils en modifient les paroles de façon à évoquer les temps forts de la vie religieuse juive. A quelques jours de Pâques, nous n’avons pas résisté au plaisir de partager avec vous ce “Uptown Passover”, qui vous apprendra tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Pessah sans oser le demander tout en vous donnant une furieuse envie de bouger.
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