
Quel bouddha choisir pour son salon ? La fontaine clignotante à tête de bouddha dans le jardin, bonne idée ou pur mauvais goût ? Le Grenade Club vous prodigue ses conseils en matière de déco à thème bouddhique.
Les raisons qui vous amènent à intégrer le bouddha dans votre intérieur sont nombreuses : souvenir d’un voyage en Asie, tentative de créer un environnement apaisant, cadeau d’une grand-mère hippie… Mais l’aménagement intérieur a ses règles et la décoration bouddhique ne fait pas exception. Voici donc cinq conseils qui devraient vous permettre d’éviter les faux-pas.
Savoir reconnaître les faux amis
L’iconographie bouddhique est pléthorique. Il n’y a en effet pas un bouddha, mais vingt-huit ! Le mot écrit sans majuscule désigne en effet l’état de ceux qui ont brisé l’infernal cycle des réincarnations. On reconnaît les bouddhas à certains signes physiques : longues oreilles, touffes de poils entre les sourcils (non ce n’est pas un grain de beauté), protubérance crânienne (non ce n’est pas un chignon)… Entraînez-vous à identifier ces signes avec soin, cela vous évitera des confusions gênantes. Et souvenez-vous : bodhisattva = couvert de bijoux + habillé comme un prince + ressemble au bouddha (normal c’en est un, qui retarde son Eveil pour rester sur Terre et guider les humains) ; moine = robe + crâne rasé ; Ganesh = tête d’éléphant.



Faux ami ultime : le yin et le yang, symbole TAOÏSTE, et non bouddhiste.

Apprendre les gestes qui sauvent
Si son visage reste impassible, c’est parce que le bouddha parle avec ses mains (et parce qu’il s’est débarrassé de toute passion humaine). On prendra donc soin de tenir compte des mudrâ (position des mains) dans ses choix d’aménagement intérieur. Un bouddha exécutant le geste de l’absence de crainte, abhayamudrâ, rassurera les invités qui passeront votre porte, tandis que le geste de l’argumentation (vitarka) du bouddha de votre salon les invite à la conversation.


En revanche, on évitera d’employer un bouddha couché dans sa décoration : le bouddha parinirvana s’apprête à connaître l’extinction totale de son être. On s’abstient donc, bien que les chrétiens n’aient jamais vu de problème à avoir chez eux l’image d’un agonisant.

Ne pas jouer avec le feu (ni avec l’eau)
La ville de Sâvatthî fût le témoin du « miracle de la dualité » : de l’eau et du feu jaillirent simultanément du corps du Bouddha historique, qui voulait ainsi faire taire ses adversaires. Peut-on voir dans les multiples modèles de fontaines à bouddhas vendues en jardinerie une sorte d’hommage ? Les lampes LED en plastique à l’image du Bienheureux témoignent-elle d’un souvenir lointain de ce prodige ? Quelle que soit la réponse, on se souviendra que le Bouddha détestait les miracles et on passera son chemin.



Limiter le retour à la terre
L’association entre bouddhisme et monde végétal paraît assez naturelle, lorsque l’on pense que le Bouddha historique reçut l’Illumination sous un figuier. Les bouddhistes ont par ailleurs pour habitude de comparer l’âme humaine à une fleur de lotus : née de la vase, elle croît jusqu’à atteindre la lumière et éclot en une fleur immaculée.
Le retour à la nature a toutefois ses limites : si le Bouddha de pierre placé sous un arbre ou dissimulé dans les herbes folles peut avoir sa place dans votre jardin, nous vous invitons en revanche à éviter le cache-pot tête de Bouddha. S’il vous plaît.


Et pour finir
Il est important de se souvenir enfin que le Bouddha n’était dans un premier temps jamais représenté… pour la bonne raison qu’il l’avait expressément défendu ! Et il est vrai qu’entre sa tendance gênante à associer bouddhisme et développement personnel, la confusion encore plus gênante qu’elle entretient entre les différentes religions asiatiques (toutes étiquetées “zen”) et l’abus de plastique… La décoration à thème bouddhique a décidément beaucoup trop de défauts pour vos intérieurs.
Super article, bourré d’info et bien écrit. Merci beaucoup du partage 🙂
J’ai beaucoup aimé cette article, plein d’information et je trouve que c’est très bien écrit aussi ! 😉