Ils sont obtus, bruyants, de plus en plus nombreux, ils mêlent la politique avec la foi : les évangéliques énervent beaucoup. Mais si on arrivait à en sauver quelques uns ?
L’influence des Eglises évangéliques très conservatrices dans l’élection du candidat populiste Bolsonaro au Brésil, ou le poids de la religion dans la politique américaine ont remis d’actualité la méfiance vis-à-vis de ce courant du christianisme extrêmement dynamique. Cependant, il serait dommage de limiter notre vision à des préjugés : le courant évangélique est vaste et extrêmement divers du fait même de sa nature, des Eglises indépendantes ou regroupées en fédérations, sans figure d’autorité centrale.
Le courant évangélique est loin d’être nouveau, et nous en connaissons déjà de nombreux membres, sociétés ou leurs produits culturels depuis bien longtemps. Voici donc 7 raisons d’aimer les évangéliques… et c’est promis il n’y a pas Justin Bieber dedans.
L’armée du Salut
L’organisation humanitaire est l’une des plus anciennes ONG mondiale. Née à Londres en 1878, elle fait aujourd’hui appel à 1,7 millions de volontaires dans 130 pays. On pourrait imaginer les évangéliques uniquement intéressés par l’évangélisation avec de gros sabots ou les combats contre l’avortement. Or beaucoup d’actions sociales ont été menées par les Eglises évangéliques, qui ont été historiquement très présentes dans les classes populaires.
Sept à la maison
C’est grâce aux onze saisons de Sept à la maison sur TF1 qu’on a appris que les prêtres aux USA avaient le droit d’avoir une femme et des enfants, et même qu’on les appelait des pasteurs. Les aventures de la famille Camden et les petites leçons de morale de chaque épisode font partie de toute une culture américaine protestante qui nous a été apportée par la télévision, à l’instar de La petite maison dans la prairie, ou des Simpson. Donc en fait, grâce à la télé vous connaissez déjà plein de choses sur les évangéliques.
Neymar
C’est l’attaquant star du PSG, ce qui fait de lui l’évangélique le plus connu de France. Certes, il est un peu énervant, surtout quand il déborde de foi avec un bandeau 100% Jesus après avoir remporté la Ligue des champions. Mais s’il fait gagner Paris, c’est donc un peu grâce à Jésus, non ? A noter que ce n’est pas le premier évangélique au PSG. Avant lui, plusieurs joueurs brésiliens avaient aussi parlé de leur foi en dehors des matchs. Le plus étonnant : David Luiz, qui annonçait sur instagram qu’il venait de se faire baptiser dans la piscine de son coéquipier Maxwell en 2015.
La chanteuse Vicky Beeching
Tous les évangéliques sont homophobes, non ? Pas Vicky Beeching en tous cas, qui a fait son coming out en 2014, et témoigné avoir été victime des “thérapies de conversions”. La chanteuse et théologienne anglaise est depuis la cible constante d’insultes sur les réseaux sociaux de la part de chrétiens conservateurs, mais elle incarne une diversité de voix face aux figures médiatiques évangéliques établies. Les sondages montrent aussi que les jeunes évangéliques américains remettent bien plus en question les positions sociétales conservatrices de leurs aînés. Ils étaient aux Etats-Unis en 2014 51% favorables à l’homosexualité contre 32% pour les plus de 30 ans, et même 45% contre 32% sur en faveur du mariage homosexuel (sondage Pewresearch).
U2
C’est en particulier le chanteur Bono qui a parlé de sa foi chrétienne à plusieurs reprises comme fil conducteur dans sa musique et ses engagements humanitaires, prenant à parti les responsables tant politiques que religieux. Concrètement plusieurs chansons de U2 abordent directement les thèmes de foi et emploient des images tirés de la Bible, sans pour autant être des hymnes d’église. Souvent Bono parle de recherche, d’incompréhension, de doute comme dans I still haven’t found what I’m looking for.
Correction : pas mal de lecteurs nous informent que Bono est en fait catholique. On admet qu’on s’est probablement planté sur ce coup, toutes nos excuses. Bono, né en Irlande d’une mère protestante et d’un père catholique aurait surtout fréquenté les communautés catholiques.
On a été induit en erreur par les références régulières à U2 qu’ont fait de nombreux groupes de pop évangéliques par la suite, le langage adopté par Bono et le choix des références bibliques qui font plus évangéliques que catholiques. Bono lui même n’a jamais mis en avant son appartenance à une Eglise particulière quand il parle de sa foi (ce qui ressemble à certaines rhétoriques évangéliques) et nous ne sommes pas là pour lui coller une étiquette. Si notre erreur peut souligner les très fines frontières à certains endroits entre catholiques et évangéliques, on s’en satisfera.
Mais on assume et on vous propose Katy Perry à la place. Parce qu’avoir grandi dans une famille de pasteurs pentecôtistes, démarré sa carrière comme chanteuse gospel et aujourd’hui être une mégastar avec des tubes comme California Gurls, c’est franchement cool.
Jimmy Carter
Ah, la religion et la politique… “George W. Bush était un born again pur et dur. Trump s’entoure de conseillers politiques évangéliques et regardez le résultat.” Mais Jimmy Carter était diacre dans son église locale quand il a été élu président des Etats Unis en 1976, et a mené une politique radicalement opposée à ces derniers. Depuis sa retraite politique, il a refusé la retraite dorée des présidents, (les présences symboliques dans des conseils d’administrations, les conférences richement rétribuées à travers le monde) pour s’investir dans la Fondation Carter et l’ONG Habitat for Humanity. Il coule une vie tranquille tout en continuant de prêcher dans l’église de Plains, Georgia.
Le Gospel
Les chants des esclaves noirs américains ont conquis le monde. Ils ont influencé toute la musique que nous écoutons, et les touristes se pressent chaque dimanche pour écouter les choeurs negro spiritual de Harlem. Encore cette année, c’est Snoop Gospel qui a produit un double album gospel très premier degré. Et sans le gospel, nous n’aurions pas eu la Soul ni l’une des plus belles scènes du cinéma dans Blues Brothers.
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