Le soundclub de la Grenade # 5 : chaleur estivale

Album Brothers

Les températures caniculaires nous ont inspiré un soundclub qui rythmera votre été à grand coup de soul solaire, de psaumes reggae et de rock de l’Al-Andalus.

1- Jorge Ben Jor – Brothers

“Brother, Brother 
Prepare one more happy way for my Lord
With many love and flowers, and music and music
Jesus Christ is my Lord, Jesus Christ is my friend”.

Ces paroles ne sont pas celles d’un hymne évangélique mais d’un morceau tiré de l’album A tabua de esmeralda du musicien brésilien Jorge Ben Jor. Le disque, sorti en 1974, atteste du virage pris par l’artiste, qui délaisse la bossa nova pour un son psyché-rock et les chansons d’amour pour des compositions empreintes de mysticisme. Ainsi, le titre de l’album (“La table d’émeraude”) est un clin d’œil à l’ouvrage alchimique du même nom dont des extraits sont cités dans plusieurs titres, et que Jorge Ben Jor a découvert alors qu’il était encore séminariste. Un mélange de christianisme et d’occultisme parfaitement illustré par la riche pochette de ce qui est considéré comme le meilleur album du musicien. 

 

2- Arielle Dombasle – Sor Juana 

Prenez une actrice-chanteuse un peu perchée ; laissez Philippe Katherine mettre des paroles sur la musique de Gonzales et dédiez le tout à Sor Juana Ines de la Cruz (1648-1695), religieuse carmélite, mystique, poétesse et dramaturge mexicaine. Vous obtiendrez l’album Glamour à mort, sorti en 2009, dont est extrait cette chanson qui revient plus spécifiquement sur la figure de Sor Juana. A noter que la chanteuse a à nouveau versé dans le spirituel en 2013 avec un album mêlant reprises de morceaux originaux et chants sacrés chrétiens, le tout arrangé par le groupe Era.

3- A-Wa – Bayti Fi Rasi

Vous n’avez pas pu échapper au tube Habib Galbi, extrait du premier album de ce groupe israélo-yéménite dont les trois chanteuses mêlent hip-hop, électro et musique traditionnelle du Yémen. Cinq ans plus tard, les revoici avec un nouvel album, Hana Mash Hu Al Yaman, qui reprend la formule musicale du premier opus mais dont les textes abordent des sujets plus graves. Ainsi, Bayti Fi Rasi (“Ma maison est dans ma tête”) évoque leur arrière-grand-mère Rahel et son départ du Yémen suite à l’opération Tapis volant : entre juin 1949 et septembre 1950, suite à la montée des violences antisémites au Yémen, la quasi totalité des Juifs yéménites fut exfiltrée vers Israël dans le cadre de cette opération mise en place par le jeune état hébreu. Les difficultés d’intégration dans ce nouveau pays ainsi que les préjugés dont furent victimes les nouveaux arrivants –  qui conduisit notamment à des enlèvements d’enfants, adoptés par la suite par des familles ashkénazes – rendirent cependant bien amère cette opération de “sauvetage”, ce que traduisent les paroles de la chanson : “Je suis arrivée vers toi fuyante / Tu m’as vue comme une primitive / Je t’ai vu comme une dernière chance”. 

4- Mezquita – Califas del rock 

Les années 1970 virent, entre bien d’autres choses, l’essor du rock andalou, fusion du rock’n’roll anglais et des rythmes flamencos traditionnels. Dans le cas de Mezquita – qui tient son nom de la Plaza de la Mezquita, la place de la Mosquée, à Cordoue- , imaginez une rencontre entre Eric Clapton et Manitas de Plata, mâtinées d’influences arabes. Le groupe joue particulièrement sur ces dernières, d’autant plus dans son album le plus célèbre, Califas del Rock, version électrique et hippie du mythe de l’Al Andalus. 

5- Sinnead O’Connor – By the rivers of Babylon  

Oui, vous ne nous avez pas attendu pour découvrir ce qui fût à l’origine une mise en musique du Psaume 137 par les rastafaris, devenu un tube planétaire repris par des centaines d’artistes à travers le monde. Dont Sinnead O’Connor, qui l’adapte sur un double album peu connu sorti en 2007, Theology. Ainsi que son titre l’indique, la chanteuse y développe sa propre vision de la spiritualité, tout en réglant ses comptes avec les organisations religieuses – qui font de Dieu “un fantôme dans sa propre demeure” d’après la chanson Out of the Depths. Que l’on soit d’accord ou non avec l’artiste, on vous invite à découvrir cet album acoustique atypique, tout en force tranquille.