Alors que février débute, on vous propose quelques titres qui ont trotté dans la tête du Grenade Club ces derniers temps. Vous y ferez la connaissance d’une abbesse byzantine badass, connaîtrez les vertiges du Cantique des cantiques et scanderez le rap de la Rédemption.
1. Cassienne de Constantinople
Soixante-dix-huit heures de musique pour retracer 1200 ans de musique au féminin : c’est l’ambition de cette playlist gratuite, composée uniquement des œuvres de compositrices ayant vécu du Moyen-Âge à nos jours. Elle est ouverte par Sainte Cassienne (ou Cassia) de Constantinople, abbesse byzantine du IXe siècle.
Fine lettrée, elle avait également le sens de la répartie : encore jeune aristocrate à la cour de Byzance, l’empereur lui aurait un jour lancé “De la femme le pire”, en référence au péché d’Eve. Ce à quoi elle aurait rétorqué “Et de la femme le meilleur”, en parlant du Christ, né de la Vierge Marie.
On lui doit de nombreux poèmes et des pièces musicales qui sont parmi les premières dont les partitions aient été conservées. Parmi eux, beaucoup d’hymnes, dont l’un des plus connus est La Femme perdue, inspiré par le geste d’amour de la pécheresse lors du repas chez Simon (résumé ici pour ceux qui ne connaissent pas).
2. Le Cantique des cantiques par Alain Bashung
Sorti fin 2018, l’album posthume En Amont marque les dix ans de la disparition du chanteur. L’occasion de se rappeler qu’en 2002, en collaboration avec Chloé Mons, Bashung consacrait un album magistral au Cantique des Cantiques et que de ça non plus, on ne s’est toujours pas remis.
3. Le Nouvel an en musique et en kabyle
Le 12 janvier dernier, c’était Yennayer, le nouvel an selon le calendrier berbère. Celui-ci aurait pour point de départ le couronnement du pharaon Seshonq Ier, le Sésaq (ou Shishaq) de la Bible. D’origine berbère, il serait parvenu à unifier l’Egypte, conquérir la Palestine et, bien avant Indiana Jones, mettre la main sur les trésors du Temple.
Il se murmure cependant que Yennayer aurait une origine moins royale qu’agricole et marquerait la récolte des olives. Ce qui n’empêchera personne de danser.
4. Marhaba de James Holden
On reste en Afrique du Nord mais cette fois-ci au Maroc, où le DJ britannique James Holden a pu découvrir la musique des Gnawa. Les Gnawas sont les descendants des esclaves d’Afrique sud-saharienne vendus au Maghreb et vivent aujourd’hui principalement au Maroc et en Algérie.
Leur musique est pratiquée par des confréries de musiciens et avait initialement un but thérapeutique, accompagnant des rituels de guérison dans lesquels la transe jouait un rôle très important. Il s’agit là d’une survivance des rites d’Afrique noire, que les Gnawas ont incorporé à leur pratique de l’Islam. Pour Marhaba, James Holden a collaboré avec El Mâalem Mahmoud Guinia (1951-2015), considéré comme l’un des plus importants représentants du style propre à la région d’Essaouira. Tout au long de l’EP, les rythmes traditionnels se mêlent aux instruments occidentaux pour un résultat hypnotique.
5. Gospel drill
Né au début des années 2010 dans les quartiers pauvres de Chicago, le drill est un dérivé du gangsta rap. Les textes y évoquent la violence du quotidien sur fond de guerre des gangs. Le genre s’est très vite exporté en Grande-Bretagne, où il a été accusé par les autorités d’être à l’origine de plusieurs rixes mortelles au couteau.
Outre la réaction institutionnelle, certains rappeurs ont décidé d’utiliser le drill pour tenter de remettre les jeunes sur le droit chemin… voire la voie du Seigneur : les Hope Dealers font ainsi chaque dimanche rimer Évangile et drill dans l’église de la SPAC Nation de Londres.
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