Chatsumarn Kabilsingh
Si le monachisme féminin est accepté depuis longtemps dans le bouddhisme Mahayana, il n’en va pas de même au sein du bouddhisme Theravada, branche plus conservatrice majoritaire en Asie du Sud-Est. En Thaïlande, les femmes ne peuvent devenir moniales au sein des temples Theravada que depuis 2003.
Chatsumarn Kabilsingh est ainsi devenue la première moniale Theravada thaïlandaise cette année-là. Professeure de philosophie et religion, cette mère de trois enfants animait également une émission télévisée où elle abordait les questions d’écologie, de droit des femmes et du bouddhisme. Cette vie bien remplie ne comble pourtant pas le vide spirituel qu’elle ressent et elle décide de se consacrer à sa foi. L’ordination des femmes n’étant alors pas autorisée en Thaïlande, elle se rend au Sri Lanka.
C’est sous le nom de Dhammananda qu’elle revient dans son pays natal en 2003 et s’installe dans le temple fondé par sa mère dans les années 1960 : Chatsumarn Kabilsingh est en effet la fille de Voramai Kabilsingh (1908-2003), première moniale Mahayana thaïlandaise. Malgré une population locale hostile et un clergé conservateur, Dhammananda tient bon et finit par être acceptée. Les temples jouent en effet un rôle social déterminant envers les plus démunis dans un pays encore largement dépourvu d’infrastructures. Les moines devant se garder de tout contact avec les femmes, les moniales sont particulièrement actives dans l’aide aux femmes et familles en difficulté.
Elles sont aujourd’hui 150 à travers toute la Thaïlande, un chiffre qui progresse un peu plus chaque année. Pour autant, les mentalités changent lentement : lors du décès du roi Bhumibol en décembre 2016, un officiel gardant la porte du palais refusa de laisser entrer par la porte réservée aux moines les moniales venues se recueillir sur la dépouille.
Soyez le premier à commenter